lundi 26 février 2018

Au bain

Gerome, Bad

– Allez, on va te faire toute belle.
– Oui, oh ! Ça servira à rien. Comme d’habitude.
– Qui sait ?
– Tu parles ! Voilà bientôt huit mois, Simola, que tu me prépares tous les soirs, pour le cas où le maître manifesterait le désir que je partage sa couche. Et voilà huit mois que ça n’arrive pas. Ça n’arrive jamais.
– Il dispose de ses esclaves comme il l’entend.
– Ce qui signifie que, ce soir encore, nous serons une bonne trentaine, à en être réduites, une fois de plus, à recevoir le fouet devant lui pour raviver, par nos gémissements et nos contorsions, des désirs qu’il assouvira avec d’autres. Toujours les mêmes. Pourquoi systématiquement elles ?
– Parce que tel est son bon vouloir. Parce que ce sont ses préférées, qu’elles l’ont toujours été, qu’elles le satisfont et qu’il n’a pas de comptes à rendre à qui que ce soit.
– Je sais bien, mais…
– Mais ?
– Non. Rien.
– Ça ne te déplaît pas vraiment, avoue !
– Quoi donc ?
– Le fouet.
– Je l’ai en horreur.
– Mais pas ce qui vient ensuite. Quand vous vous retrouvez entre vous, après avoir été flagellées, pour vous consoler et vous enduire voluptueusement les unes les autres de toutes sortes d’onguents.
– Ça brûle tellement ! Ça nous soulage.
– Et les caresses que, dans la foulée, vous vous prodiguez généreusement, c’est un autre feu, j’imagine, qu’elles ont pour but d’apaiser.
– Il y aura bientôt un an que je n’ai pas serré un homme dans mes bras. Ça me manque, Simola. Tu peux pas savoir comme ça me manque !
– Oh, que si ! Sais-tu garder un secret ?
– Lequel ?
– Les eunuques…
– Ne peuvent pas grand-chose pour moi.
– À l’exception, ici, de deux d’entre eux qui, bien que coupés, peuvent encore se dresser bien droits et bien durs.
– Comment est-ce possible ? Comment s’explique ce prodige ?
– Je l’ignore. Et peu m’importe. Il me satisfont, chaque fois que j’en ressens la nécessité, sans me faire pour autant courir le risque d’être grosse. Cela me suffit.
– Et qui sont ces deux phénomènes ?
– Tu le sauras si tu me jures de n’en toucher jamais mot à personne. Ils risqueraient leur vie. Et nous, la nôtre.
– Il va sans dire.
– Alors éclipse-toi discrètement ce soir et rejoins-moi ici.
– Ils y seront ?
– L’un d’entre eux. Que tu auras à ton entière disposition. À une condition : que tu m’abandonnes tes lèvres quand il sera en toi.


samedi 24 février 2018

Sapphire

Dessin de Kal:

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– Ça fait combien de temps qu’on se connaît, toi et moi, Kevin ?
– Oh, là ! Des lustres !
– Plus de quinze ans. Sans jamais le moindre problème. La moindre ambiguïté. C’est rare une amitié comme la nôtre. C’est précieux.
– En effet, oui. Mais tu veux en venir où, là ?
– Je veux en venir que j’ai quelque chose à te dire. Et quelque chose à te demander.
– Eh bien, vas-y ! Je t’écoute.
– C’est très intime. Et vraiment pas facile.
– Alors ferme les yeux. Ferme les yeux et lance-toi !
– Je suis bourrée de fantasmes.
– C’est quelque chose dont on a déjà parlé.
– Oui. Sauf qu’il y en a un sur lequel je suis restée, jusqu’à présent, totalement muette.
– J’ai peut-être ma petite idée quand même…
– Je crois pas, non.
– Tu adores imaginer que tu as honte. Qu’on te fait honte.
– Hein ? C’est pas vrai ! Mais comment tu le sais ?
– Tu as laissé passer, depuis des années, sans t’en rendre compte, une multitude d’indices. Et comme je suis très attentif à toi et à tout ce qui te concerne…
– Je baigne constamment dans la honte. À longueur de journée. Le moindre incident, la moindre réflexion, je les transforme. Je les convertis. J’en fais mon miel. Comment j’ai honte ! Et le soir, quand je suis toute seule…
– Tu te donnes tout le plaisir du monde.
– C’est en train de prendre des proportions ! Je ne pense plus qu’à ça. Je ne vis plus que pour ça. Et ça finit par m’effrayer.
– Il y a vraiment pas de quoi !
– Tu sais ce que c’est mon fantasme en ce moment ? Tous les soirs il revient. Tous les soirs… Je suis nue, appuyée des deux mains à la table de ma cuisine, légèrement penchée en avant. J’ai les jambes écartées. Et un plug entre les fesses. Derrière moi, il y a quelqu’un qui me frappe à tout va. Avec sa main. Avec un martinet. Avec une ceinture. Avec un paddle. Avec tout ce qu’il veut. Je ne sais pas. Je m’en fiche. La seule chose que je sais, c’est que ça brûle. C’est que ça fait mal. Très. Je me cabre. Je crie. Je lui hurle d’arrêter. « Pitié ! J’en peux plus ! » Mais, en même temps, je veux pas qu’il arrête. C’est trop bon. J’aime trop ça. Derrière moi, il s’en aperçoit. Parce que j’ondule de la croupe. Parce que ça me ruisselle abondamment entre les cuisses. Il s’en aperçoit et j’ai honte. J’ai trop honte d’aimer ça. Qu’on sache que j’aime ça.
– Comment ils brillent, tes yeux ! Et donc ? Eh bien, continue !
– Tu te doutes, non ?
– Un peu.
– Eh, bien, dis !
– C’est un fantasme que tu crèves d’envie de réaliser. Sauf que tu peux pas demander ça à n’importe qui.
– Il y a qu’à toi que je peux en fait.
Je lui ai pris la main, l’ai fait lever.
– Viens !

jeudi 22 février 2018

Mémoires d'une fesseuse (25)

 J’ai laissé Hélène chez elle au passage et je suis rentrée avec la seule Marie-Clémence. Qui n’en menait pas large. Qui a voulu se précipiter dans sa chambre, à peine la porte d’entrée refermée.
– Non, non, tu restes là. Et tu me racontes.
– Je te raconte quoi ?
– Tout. J’ai manqué tout un tas d’épisodes, on dirait. Et un conseil, entre nous, n’oublie rien.
– Par quoi faut que je commence ?
– Par le commencement.
– C’est la faute de Gauvain.
– Évidemment, ça, fallait s’y attendre. Ça va pas être de la tienne.
– Mais non, mais c’est parce que la première fois qu’on s’est retrouvés que tous les deux au café, il a sorti son portable avec les photos de mon derrière et il se l’est fait sous la table en les regardant. T’aurais vu ses yeux ! Surtout quand c’est venu. Et du coup, après, il a voulu que ce soit pour de bon. En me les regardant en vrai. Et alors je lui ai promis qu’à chaque fois que tu me le ferais, je viendrais lui montrer.
– Sans m’en parler…
– C’est lui qu’a voulu… Que ce soit juste à nous, ça. Sans que personne d’autre sache.
– Il a pourtant pas tenu sa langue.
– Je sais, oui.
– Et les deux autres ? Ça s’est passé comment ?
– Par hasard. Si, c’est vrai, hein ! Ça m’a attrapée comme ça, un jour, en passant dans son quartier à Brian, de monter lui faire un petit coucou. Je suis mal tombée. Ou très bien, plutôt, au contraire. Parce qu’il y avait Valentin avec lui. Et qu’ils étaient en train tous les deux. Quand ils ont entendu que c’était moi, ils m’ont crié d’entrer, mais ils se sont pas arrêtés pour autant. Ils étaient trop bien lancés. Et moi, comment j’en ai profité, tu parles ! Parce que j’en avais jamais vu des types ensemble. Enfin, si ! En vidéo. Mais c’est pas pareil. Ça n’a rien à voir. Ils s’étaient pris dans la bouche l’un de l’autre et ils y mettaient tout leur cœur, t’aurais vu ça !
– Et ?
– Et ils se sont tout avalé. En même temps ça leur est venu. Presque en même temps.
– Non, mais ce que je veux dire. Et toi ? Tu t’es caressée en les regardant ?
– Oh, ben oui, attends ! Oui. Le moyen de faire autrement ? Et puis après, on est restés un long moment, comme ça, à discuter. On aurait dit que ça faisait des années et des années qu’on se connaissait. Je me sentais bien. Il y a longtemps que je m’étais pas sentie bien comme ça. On a dîné ensemble et, quand on a eu fini, ils ont encore eu envie. Sauf que, cette fois, ils ont voulu que je leur montre la fessée que tu m’avais donnée la veille. Et ils ont été l’un dans l’autre en la regardant. Brian dans Valentin. Même qu’à un moment, Brian m’a enfoncé un doigt dans le derrière. Et que c’est ça qui l’a fait venir.
– T’oublies rien ?
– Non. Je vois pas.
– T’es sûre ?
– Ah, oui, si ! Ils ont parlé de m’en remettre une par-dessus la tienne, à un moment. Mais ça s’est pas fait.
– Parce que ?
– Parce que j’avais peur que tu t’en aperçoives.
– Mais t’en crevais d’envie… Réponds !
– Oui.
– Bien. On règlera ça, le moment venu. Tu perds rien pour attendre.

lundi 19 février 2018

Colocation (2)

Albert Aublet. Le sommeil (vers 1890) 

Elle avait finalement haussé les épaules.
– Que ça te fasse de l’effet de me voir le derrière tout rouge, c’est quelque chose que je peux comprendre. Et il y a, de toute façon, vraiment pas de quoi en faire une maladie.
Elle n’en avait pas fait une maladie. Et on n’avait strictement rien changé à nos habitudes. On avait continué à vivre, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, dans le plus simple appareil.
Pendant près de quinze jours, elle avait arboré un postérieur écarlate. Rutilant. Qui reprenait des couleurs quasi quotidiennement. Et dont la vision continuait à me bouleverser. Avec toujours la même intensité. Même si je parvenais désormais à en contrôler plus ou moins les manifestations extérieures. Plus ou moins. Parce que j’étais, de temps à autre, inopinément sujet à de vigoureuses érections auxquelles elle ne semblait pas prêter particulièrement attention. Tout au plus lui extorquaient-elles parfois un léger sourire.

Elle était sur son petit nuage.
– C’est par là que je le tiens ! Par la fessée. C’est vraiment par là…
Et ne mettait quasiment plus les pieds à la fac.
– Ben oui, il y a que la journée que je peux le voir. Le reste du temps, il est avec sa bonne femme.

En mars, ça s’est un peu tassé. Elle en recevait encore, oui, mais plus rarement.
– Il y a moins de gôut, tu crois ?
– Comment veux-tu que je sache ? Je le connais pas, moi, ce type. Je l’ai seulement jamais vu.
– Oui, c’est vrai, je suis idiote. Peut-être qu’il s’en lasse à force de m’en donner. Ou bien alors il s’en est trouvé une autre avec qui ça lui plaît mieux.
Elle haussait les épaules.
– De toute façon, il la quittera jamais sa Monique. Alors ou bien j’en prends mon parti ou bien je me désenglue de là-dedans.

En avril elle n’en a pas reçu. Pas du tout.
– C’est que tu le vois plus, hein, c’est ça ?
– T’as tout compris
– Il t’a larguée ?
– Pas vraiment, non. Soi-disant qu’il veut prendre un peu de recul. Mais ça, c’est le sas de décompression avant la rupture. Pas la peine que je me fasse d’illusions.

Mais, contre toute attente, début mai ses fesses sont redevenues d’un rouge flamboyant.
– Elles me manquaient, ces fessées. Plus que lui, même, dans un sens. Qu’est-ce qu’elles pouvaient me manquer !
– Et à moi, donc !
On s’est regardés. Et on a éclaté de rire.

Elle a jeté ses clefs sur la table, son sac sur le canapé.
– Oui, ben, en fait, comme prévu, c’était le mieux avant la fin.
– Comment ça ?
– Il part s’installer au Chili. Définitivement. Avec sa femme. Et tu peux pas savoir quel soulagement c’est pour moi, finalement, dans un sens. Parce que danser sans arrêt d’un pied sur l’autre, toujours se demander, jamais savoir, se sentir sans arrêt ballottée, c’est d’un épuisant à force.
Elle avait raté ses examens.
– En plus ! Mais ça, c’était couru.

Des sanglots hoquetés m’ont brusquement réveillé. On était en juin. Un juin torride. Étouffant. Pour avoir un peu d’air, on laissait, la nuit, ouvertes les fenêtres et les portes des chambres. Je me suis levé. Approché. Elle était nue sur son lit. Elle me tournait le dos. Je lui ai posé une main sur l’épaule.
– Ça va pas ?
Ses sanglots ont redoublé.
– Il te manque ?
– C’est pas ça, non. C’est pas lui.
– C’est quoi alors ?
Elle a murmuré.
– Donne-m’en une ! Une fessée. Donne-m’en une…
Et elle s’est tournée sur le ventre.
J’ai levé la main. Je l’ai abattue.

samedi 17 février 2018

Mensonges

Dessin de Doz

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– Je suis une menteuse !
Je dois le proclamer. Haut et fort. À chaque coup qui tombe. Et il m’a prévenue : il y en aura beaucoup.

– Je suis une menteuse !
Je l’ai toujours été. Je mens à tout propos et hors propos. Je mens pour mettre la réalité en conformité avec ce que j’ai envie qu’elle soit. Pour la rendre plus belle. Ou plus gratifiante pour moi.

– Je suis une menteuse.
Ce qui, souvent, m’est retombé sur le coin de la figure. On m’a prise en flagrant délit. Contrainte à avouer, la honte au front, que oui… j’avais pris des libertés avec la vérité. On m’a prêté des intentions machiavéliques alors que je voulais seulement rendre la réalité plus acceptable. On m’a aussi, parfois, imputé des mensonges qui n’étaient pas les miens.

– Je suis une menteuse !
C’est une mauvaise habitude dont il faut absolument que je me guérisse. C’est impératif. J’en suis parfaitement consciente. Si bien qu’on est tombés d’accord, Luc et moi. On va faire ce qu’il faut pour. Et on le fait. Au martinet. Il ne me laisse absolument rien passer. Petit mensonge, petite correction. Gros mensonge, grosse correction. Et là aujourd’hui… Alors là aujourd’hui !

– Je suis une menteuse ! Ouille !
Mais qu’est-ce qui m’a pris ? C’est une amie Florence. Qu’est-ce qui m’a pris d’aller raconter que je l’avais vue sortir d’un hôtel, rue de la Chaussée d’Antin, bras dessus bras dessous avec Robin ?

– Je suis une menteuse ! Oh, la vache !
Si, je sais pourquoi je suis allée raconter ça. Évidemment que je le sais. C’est parce que j’ai toujours pensé que Florence et Robin étaient faits l’un pour l’autre. Et je les ai mis ensemble. Pour que les choses soient comme elles auraient dû l’être.

– Je suis une menteuse ! Ça fait mal, Luc ! Que ça fait mal !
Sauf que ça a déclenché un véritable séisme. Que le mari de Florence, aux oreilles duquel c’est revenu, y a vraiment cru. Et il a fallu que j’aille reconnaître, tête basse, que j’avais tout inventé. Que je m’excuse. Mais les comptes n’étaient pas soldés pour autant. Ils sont en train de l’être. En principe.

– Je suis une menteuse ! Pardon ! Pardon ! Je le ferai plus.

Ça s’arrête. Mais il précise.
– Ce n’en est pas fini pour autant !
Il me dépose le martinet au creux des reins.
– Là ! Tu bouges pas. Tu restes bien sagement, à attendre. Tu vas avoir de la visite. D’un instant à l’autre.
– De la visite ! Qui ça ?
– Florence… Qu’elle puisse constater, de visu, comment tu as été joliment punie. Et qu’elle en profite pour te dire sa façon de penser.
– C’est quand qu’elle va venir ?
– Tu verras bien ! Peut-être dans cinq minutes. Ou dans dix. Ou dans une heure. Ou dans trois heures. Et tiens, tu sais pas ? Pour te faire patienter, en attendant, on va te repasser, en boucle, la petite séance qui vient d’avoir lieu. Tu es prête ? Ouvre tout grand tes oreilles.
Le premier coup.
« Je suis une menteuse. »

jeudi 15 février 2018

Mémoires d'une fesseuse (24)

 C’est Marie-Clémence qui a répondu à l’interphone.
– Oui ?
– C’est moi, Hélène !
– Hélène ! Chouette ! Monte ! Je t’ouvre.
Elle l’attendait, en petite culotte, sur le pas de la porte.
Quand elle a m’a aperçue, elle a eu un léger mouvement de recul, très vite réprimé.
– Ah, toi aussi, tu es là… Eh bien, entrez !
Les deux garçons, allongés sur la moquette, venaient manifestement de dissimuler en toute hâte leur nudité.
– Salut !
– On a pas l’air de s’ennuyer ici, dites donc !
– Ben, c’est toi qu’avais dit, hein ! Tu voulais qu’on fasse connaissance avant. Tout ça !
– Il y a faire connaissance et faire connaissance. Et il y a surtout que t’étais pas obligée de faire tes petits coups en douce. Tu sais que j’ai horreur de ça…
Brian a voulu prendre sa défense.
– Elle savait pas trop au juste ce que vous vouliez et ce que vous vouliez pas. À quoi elle avait droit et à quoi elle avait pas droit.
– Et alors ? Elle a une langue, non ?
Valentin a levé des yeux pleins d’espoir.
– Vous allez la punir du coup ?
– Elle l’a amplement mérité. Mais non ! Pas aujourd’hui.
– Oh, ben pourquoi ?
– Parce qu’il manque Gauvain. C’est devant vous trois qu’on avait décidé qu’elle le serait. Non, mais par contre…
Je me suis tournée vers Hélène.
– Combien de fois faudra te le répéter à toi ? Dès l’instant où tu te trouves dans un lieu clos en ma présence…
Elle a jeté un rapide coup d’œil en direction des deux garçons.
– Ben oui, mais…
– Mais quoi ? Qu’est-ce qui te dérange ? Que ce soit des mecs ? Que ce soit la première fois que tu les voies ? Qu’ils aient vingt ans de moins que toi ? T’en es plus là, j’espère.
Elle n’a pas répondu. Elle a docilement entrepris de se déshabiller.
– Leur tourne pas le dos !
Elle a obéi. Elle leur a fait face. Elle a tout retiré. Et elle est restée là, bras ballants devant eux, les yeux à terre.
– Bon, mais en ce qui te concerne toi, par contre, il n’y a aucune espèce de raison d’attendre qui que ce soit. Alors c’est toi qui vas être punie. À sa place.
Je l’ai poussée vers la table. Sur laquelle je l’ai fait se pencher, bras tendus au maximum.
– Et tu les laisses comme ça. Pas question, aujourd’hui, que tes mains aillent se balader là où tu sais. Il y a du monde.
L’un des deux garçons s’est esclaffé.
– Quelqu’un a une ceinture ?
Valentin s’est précipité dans la chambre, en a ramené une, longue et large, en cuir épais, qu’il m’a tendue. Il bandait.
Je l’ai fait claquer deux ou trois fois en l’air et je l’ai abattue. Elle a sursauté, poussé un petit cri de surprise. Un second coup. Un troisième. À rythme lent, mais régulier et soutenu. Les lanières s’inscrivaient, à pleines fesses, en longues traînées rosâtres. Derrière, les yeux rivés à sa croupe, les deux garçons s’étaient empoigné la queue et s’élançaient à la conquête de leur plaisir. Marie-Clémence les regardait faire, fascinée. Hélène a gémi, ondulé.
– Non, non ! Tu laisses tes mains là-haut.
Elle a joui quand même. Les garçons aussi. Presque en même temps.

lundi 12 février 2018

Colocation

Fenner-Behmer Bücherwurm

Baptiste, avec qui je vivais en colocation depuis six mois, venait de me faire brusquement faux bond. Il avait trouvé du travail à Strasbourg.
– Et en CDI. Ça se refuse pas un truc pareil au jour d’aujourd’hui.
Moi, ça m’arrangeait pas – mais alors là, vraiment pas – parce que, financièrement, j’avais pas le choix : il fallait absolument que je lui trouve un remplaçant.
– Et tu sais jamais sur qui tu vas tomber. C’est carrément la loterie.
– Sinon, il y aurait bien ma sœur. Ça va plus du tout la cohabitation, elle, avec ses copines. Elles arrêtent pas de se prendre le chou. Elle parle que de s’en aller.
J’avais entraperçu deux ou trois fois Morgane. Elle était souriante, avenante, plutôt jolie. Alors oui, sa sœur, oui, pourquoi pas sa sœur ?

On s’est tout de suite très bien entendus. Et organisés. On s’est équitablement réparti les tâches ménagères.
– Parce que, sinon, il y en a toujours un qui se fait avoir.
Pour ce qui était des courses, on a fait bourse commune.
– Puisque, de toute façon, on n’est là que le soir et qu’on dîne ensemble.
On profitait de ce repas en commun – qu’on prolongeait parfois fort tard – pour faire plus ample connaissance. On parlait musique. Là-dessus, on était intarissables. Équitation aussi, dont on était tous les deux passionnés. On plaisantait. On se prenait de grandes crises de fou rire pour des riens. On essayait aussi de se faire croire, sans jamais y parvenir vraiment, que nos études respectives – psychologie pour elle, sociologie pour moi – déboucheraient sur des avenirs de rêve. Elle me parlait parfois aussi d’Alexandre, son petit copain.
– Oui, oh, mon petit copain, si on veut. Si on peut dire ça d’un type qu’est marié, que je vois tous les tournants de lune, mais que j’ai tellement dans la peau que je serais totalement incapable de faire l’amour avec un autre. Faut quand même être particulièrement idiote, non ?

C’est un dimanche matin, en déjeunant, tous les deux, en tête à tête, qu’on en est venus à parler des vacances.
– Tu pars où, toi ?
Elle savait pas trop. Pas encore.
– Mais à Leucate, sûrement.
– À Leucate ? Il y a un camp naturiste là-bas.
– Oh, ben oui. Oui. Et si j’y vais, c’est là que j’irai. Parce que, pour moi, des vacances sans naturisme, c’est pas des vacances.
Non, mais c’était fou, ça ! Parce que moi aussi, ça faisait des années et des années que je pratiquais.
Ah, le naturisme ! On se sentait tellement bien, comme ça, sans rien. Avec le soleil et l’air à même la peau.
Oui, oui, bien sûr ! Mais ce qu’elle appréciait surtout, elle, chez les naturistes, c’était que la nudité soit considérée comme parfaitement naturelle. Qu’elle aille de soi. Que personne ne juge personne.
– Et jamais, au grand jamais, je ne me suis sentie l’objet de regards lubriques ou déplacés.

On était sur la même longueur d’ondes. Ce qui la ravissait.
– Non, parce que tu peux pas savoir comment c’est contraignant, pour moi, de devoir rester habillée. Même à la maison. Surtout à la maison. Quand on est habituée à toujours être à l’aise… Plusieurs fois j’ai failli t’en parler. J’ai jamais osé. Je savais pas comment t’allais réagir. Mais maintenant que les choses sont claires, qu’on sait qu’on les voit de la même façon, ça change tout.

Et ça a effectivement tout changé. Pas complètement. Ou, du moins, pas tout de suite. Parce que des plis avaient été pris auxquels il n’était pas forcément aisé de se soustraire d’emblée. On s’est d’abord, dans un premier temps, furtivement croisés dans le plus simple appareil. En allant à la salle de bains. En en revenant. Mais on s’est très vite enhardis. Et, dès le surlendemain, on évoluait nus dans tout l’appartement. On cuisinait nus. On dînait nus. On regardait la télévision nus. Partout on était nus. Et on s’en trouvait tous les deux fort bien.

C’est le mois suivant que son Alexandre s’est à nouveau manifesté.
– Il veut me voir, mais bon, je me fais pas trop d’illusions.
Ils ont passé un dimanche ensemble. Un autre. Un troisième.
– Il y a sacrément de l’eau dans le gaz avec sa bonne femme.
– C’est peut-être pas mal pour toi, ça, non ?
– Oui, oh, je connais le truc. Je vais lui servir de soupape de sécurité. Du coup, ça ira mieux avec sa légitime et il me remettra en réserve. Jusqu’à la prochaine fois.
Ça a quand même duré, cahin-caha, jusqu’au week-end de l’Ascension. Qu’ils ont passé tout entier ensemble.
Quand elle en est revenue, elle a été saisie d’une incompréhensible crise de pudeur soudaine. Qui a duré quasiment une journée entière.
– Oh, et puis merde !
Et elle a repris ses bonnes vieilles habitudes.
– Hein ! Mais qu’est-ce qui t’est arrivé ?
Elle avait les fesses d’un rouge incarnat profond. Sur toute leur surface.
– C’est Alexandre.
– Eh ben, il y est pas allé de main morte, dis donc, ton Alexandre ! Et c’était quoi la raison ?
– Qu’il en crevait d’envie. Et que je voulais pas courir le risque de le perdre.
– En tout cas, c’est impressionnant, vraiment impressionnant.
– Et ça te fait sacrément de l’effet, à toi aussi, on dirait ! C’est la première fois que je te vois bander.

samedi 10 février 2018

La ballerine

Dessin de Kal.

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LA BALLERINE


– Vous m’avez fait appeler, Madame Grandporre ?
– Oui, assieds-toi ! Dans ce tiroir de mon bureau se trouvait encore, il y a une vingtaine de minutes, la recette du spectacle de samedi dernier.
– Ah, bon…
– Et elle a disparu. Tu ne saurais pas ce qu’elle est devenue par hasard ?
– Moi ? Non. Pourquoi je le saurais ?
– Parce qu’il y a un quart d’heure on t’a vue sortir de mon bureau.
– On m’a vue ? Qui ça ? Il y avait personne dans le couloir.
– Il y avait personne ? Vraiment ?
– C’est-à-dire… Je sais pas… J’étais pas là… C’est pas moi !
– Ou l’art de se piéger toute seule. Comme une grande. Alors, pour commencer, tu vas me rendre cet argent.
– Je l’ai pas là…
– Il est où ?
– Caché.
– Eh bien, va me le chercher !

– Voilà ! Il y a tout.
– Encore heureux. Manquerait plus que ça ! Bon, et maintenant tu vas te rhabiller. Tu ne fais plus partie de la troupe.
– Hein ? Mais c’est pas possible ça ! C’est toute ma vie la danse.
– C’était…
– Qu’est-ce que je vais devenir ? Je sais rien faire d’autre.
– Il fallait y réfléchir avant.
– C’est pas de ma faute, les thunes. C’est parce qu’un copain, il avait de gros problèmes. C’était pour le dépanner.
– Je m’en contrefiche.
– On voudra plus de moi maintenant. Dans aucun ballet.
– C’est probable, oui !
– Surtout que j’ai déjà vingt-deux ans et qu’à vingt-deux ans… S’il vous plaît, donnez-moi une chance. Une dernière. Je recommencerai pas, je vous promets. S’il vous plaît !
– Viens ici ! Plus près. Penche-toi !
– Hein ? Mais pourquoi ?
– Je vais te donner une fessée.
– Une fessée !
– Tu veux que je te garde, oui ou non ?
– Oh, oui ! Si ! Si !
– Eh bien alors ! Allez !

– Là ! Voilà ! C’est fini! Qu’est-ce qu’il y a ? Ah, ben oui ! Oui. Ça fait mal, une fessée. C’est le but. Mais c’était mérité, avoue ! Non ?
– Si !
– Ah, tu vois ! Tourne-toi ! Magnifique ! Le rouge te va à ravir. Un véritable enchantement. Bon, mais cours vite rejoindre tes petites camarades.
– Maintenant ?
– Évidemment maintenant. Un bon moment déjà que la répétition est commencée.
– Comme ça ? Mais elles vont se moquer !
– Tant mieux ! Ça te fera passer l’envie de recommencer.



jeudi 8 février 2018

Mémoires d'une fesseuse (23)

 En ce qui concernait Marie-Clémence, Philibert avait assurément raison : mieux valait, pour le moment, faire mine de tout ignorer. Mais elle ne perdait rien pour attendre. Il y en avait une, par contre, qui était très vraisemblablement au courant, qui s’était bien gardée de s’en vanter et qui allait devoir me rendre des comptes.
– Allô… Hélène ? Je t’attends. Immédiatement.
– Je préfèrerais, si ça t’ennuie pas, que…
– J’ai dit immédiatement.
Et j’ai raccroché.

Un quart d’heure plus tard, elle était là. En nage. Essoufflée. Manifestement inquiète.
– Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qui se passe ?
– T’oublies pas quelque chose, là ?
– Ah, si ! Oui.
Et elle s’est déshabillée. En toute hâte.
– Toujours tu dois être à poil en ma présence. Toujours. Et tu le sais très bien. Alors tâche dorénavant de ne pas m’obliger à te le rappeler.
Et je l’ai plantée là, debout près du canapé. Je suis allée vaquer à mes occupations. Sans plus me préoccuper d’elle. Plus de deux heures durant. Histoire de bien la mettre en condition.

Et puis je suis venue confortablement m’installer.
– Là ! Et maintenant je t’écoute.
– Tu m’écoutes ?
– Je t’écoute, oui. Vide ton sac !
Elle m’a jeté un regard interloqué.
– Mais au sujet de quoi ? À propos de quoi ?
– De Marie-Clémence.
– De Marie-Clémence !
– Oui. Eh bien ? J’attends.
– Mais je sais pas, moi !
– Joue bien les imbéciles ! Je te préviens, Hélène, ou tu me dis ce que tu sais ou tu repasses cette porte pour la dernière fois. C’est à prendre ou à laisser.
– C’est pas chez ses parents qu’elle sera le week-end prochain.
– Ah ! Et elle sera où alors ?
– Chez Brian.
– Elle couche avec ?
– Oh, non, non ! C’est pas son truc, les nanas, Brian. Non.
– Elle va y faire quoi alors ?
– Le regarder avec Valentin. Tous les deux. Elle adore ça, voir des types ensemble.
– Et en échange ?
– Elle leur montre ses fesses quand elle en a reçu une.
– Décidément ! C’est une manie. Et pourquoi elle m’en a pas parlé ?
– Elle savait pas comment tu le prendrais.
– Et toi ? Pourquoi tu m’as rien dit ? Tu dois tout me dire. Tout. T’as pas encore compris ça depuis le temps ?
– Si, mais…
– Il y a pas de mais qui tienne. Bon, ben tu sais pas ? On va aller participer aux festivités, nous aussi. Toutes les deux. Il y a pas de raison. Tu m’accompagnes. Et d’ici là, pas un mot. À personne. C’est bien compris ?

lundi 5 février 2018

Rêverie (2)

Franciszek Zmurko. Wspolczesne malarstwo polskie

Jasmine ne lui laisse pas le temps d’arriver jusqu’à sa place, de s’asseoir.
– Ben, qu’est-ce que t’as ce matin ?
– Hein ? Mais rien. Rien. Pourquoi ?
Émilie et Clotilde font aussitôt chorus.
– Ah, si ! Si ! T’as quelque chose, si ! Tu fais tout heureuse. Tout épanouie. T’as rencontré le grand amour ou quoi ?
Lui, là-bas, il a levé la tête. Il sourit. Il s’approche. Il plonge ses yeux dans les siens.
– En tout cas, quoi que ce soit qui vous ait mise dans cet état-là, Mélanie, cela vous va à ravir.
Elle se trouble. Il fixe ses mains qu’elle ne parvient pas à empêcher de trembler.

Ça a eu lieu. C’est là, tandis qu’elle se penche sur ses dossiers, plus présent encore que si ça avait vraiment eu lieu. C’est là, entre elle et lui. Il l’a vraiment grondée. Il a vraiment glissé ses doigts sous l’élastique de sa culotte. Il la lui a vraiment descendue. Elle lève les yeux sur lui. Il sait, elle en est sûre. Ils savent. C’est leur secret. Si humide et si chaud entre ses cuisses.

* *
*

Elle se fait longuement attendre avant de le laisser enfin venir. Pousser la porte de sa chambre. S’avancer. Se planter devant elle, assise sur le bord de son lit.
– Tu pourrais au moins te lever, non ?
Elle obtempère aussitôt.
– Ah, oui. Oui. Pardon. Je suis désolée.
Du bout de l’index, il lui soulève le menton, l’oblige à le regarder.
– Tu t’es soustraite à ta punition hier soir.
– Non. Enfin si, oui, mais c’est parce que…
– Je me fiche pas mal de savoir pourquoi. Le fait est que tu t’y es soustraite. Oui on non ?
– Oui.
– Pour ça aussi tu vas devoir payer.
– Je le ferai plus.
– Et cher. Déshabille-toi !
Elle obéit.
– Tout ! T’enlèves tout. Je te veux nue comme au premier jour.
Elle se dévêt et elle reste là, bras ballants devant lui. Lui, qui prend tout son temps pour la détailler. Des pieds à la tête et de la tête aux pieds. En s’attardant sur les seins qu’il soupèse du regard. En scrutant, sans la moindre vergogne, la douce encoche ciselée sous la fine résille ajourée.
Il la fait doucement tourner sur elle-même.
– Mais ce n’est pas ce côté-là, aussi enchanteur soit-il, qui nous importe aujourd’hui.
Une main se pose sur ses reins. Y louvoie. S’empare de l’une de ses fesses. Qu’il palpe. Qu’il s’approprie. De l’autre.
– Prête ?
Elle fait signe que oui. Oui.
Il la cale contre sa cuisse, il passe un bras autour de sa taille et il lance une première claque. À toute volée. Tout aussitôt suivie d’une multitude d’autres. Comme ça, debout. De plus en plus vite. De plus en plus fort. Ça fait mal. Ça brûle. Ça mord. Elle sanglote. Elle crie.
– Arrêtez ! S’il vous plaît ! Je vous en supplie ! Arrêtez !
Elle ne veut pas. Qu’il arrête. Elle ne veut pas.
C’est pourtant ce qu’il finit par faire.
– Là ! Mais ce n’était qu’une simple mise en bouche. Maintenant on passe aux choses sérieuses.
Il la pousse vers le lit. Il l’y fait allonger. Il décroche sa ceinture. Il la lui promène tout au long des cuisses. Il la lève. Elle ferme les yeux. Il l’abat. Elle les rouvre. Et elle jouit dans les siens.


samedi 3 février 2018

On ne discute plus

Dessin de Doz

http://fesseeo.net

Aurore ne m’a pas laissé le temps de me déchausser.
– Si tu pouvais faire un saut jusqu’au quatrième. Chez la petite étudiante. Son écran est bloqué. Elle t’attend comme le Messie.
Elle m’attendait, oui. En petit tee-shirt ras des cuisses sous lequel elle ne portait manifestement pas de soutien-gorge.
Je me suis concentré sur l’ordi.
– Et voilà ! Suffisait d’appuyer sur la touche F11. C’était pas bien compliqué.
– Je vous offre quelque chose ?
– Vite fait alors !
Un whisky pour moi. Un muscat pour elle.
On s’est assis. Face à face. Elle a lentement croisé les jambes. Elle n’avait pas de culotte non plus.

Le lendemain matin, j’ai trouvé une grande enveloppe blanche dans la boîte aux lettres. Ornée de cœurs, de lèvres carminées, de bisous. Au centre, mon prénom. En lettres festonnées de toutes les couleurs.
« Je t’aime, Julien. Depuis le premier jour que je t’ai vu. Je ne pense qu’à toi. Je ne vis que pour toi. Et toi aussi tu m’aimes. J’en suis certaine. Ça se voit. Ça se sent. Alors ne nous voilons pas la face plus longtemps. Vivons notre amour à plein. Je t’aime, Julien. Je t’aime. Je t’aime. Ophélie. »
Je suis monté là-haut quatre à quatre. Son visage s’est illuminé.
– Toi ! C’est toi !
– C’est moi, oui ! Et tu vas arrêter immédiatement ce petit jeu.
– C’est pas un jeu. Je t’aime, Julien…
– Je suis marié.
– Oh, mais on s’en fout de ça. C’est qu’un papier, le mariage. Qui se déchire quand on veut.
– Bon, écoute ! J’ai pas l’intention de m’éterniser en discussions. Alors tu arrêtes immédiatement cette comédie.
Et je lui ai tourné le dos.

Il y en a eu une autre le lendemain.
« Si tu savais comme t’es beau quand tu te mets en colère ! Tu le feras encore quand je t’aurai pour moi toute seule ? Oh, oui, hein ! Tu sais ce que je me demande ? C’est où on ira vivre tous les deux ? Ça te dirait, la Martinique ? À moins qu’on parte carrément à New York. Quoique… on s’en fiche d’où ce sera, finalement. L’essentiel, c’est qu’on soit ensemble, non, tu crois pas ? J’ai hâte. Je t’aime, Julien. Je t’aime tellement. Ophélie. »
– Non, mais comment faut te le dire ? Comment ?
– T’es encore en colère.
– Il y a de quoi, non ?
– T’es en colère parce que tu luttes contre tes sentiments. Lâche prise ! Laisse-toi aller ! Qu’on soit heureux tous les deux.
– Elle est folle. Cette fille est folle.
– Folle d’amour pour toi, oui.
J’ai soupiré. Levé les yeux au ciel.
– T’es vraiment un cas désespéré.

« Je vais t’aider, mon amour. Parce que tu y arriveras jamais tout seul. Alors tu sais ce que je vais faire ? Je vais aller voir ta femme. Je vais lui dire qu’on s’aime tous les deux. À la folie. Et qu’on couche. Depuis des mois. Ça va sûrement déclencher quelque chose. On sera que nous, comme ça, après. Que nous deux. On sera heureux. Tellement. Je t’aime, Julien. »
– Cette fois, ça suffit !
– Je savais que tu monterais. J’en étais sûre.
– Est-ce que tu vas me foutre la paix, dis ? Est-ce que tu vas me foutre la paix ?
– Pas tant que tu continueras à t’aveugler sur tes véritables sentiments.
– Non, mais c’est pas possible, cette gamine ! C’est pas possible. Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Que je te flanque une fessée ?
– Si ça peut te soulager, vas-y ! Vas-y ! Et moi, qu’est-ce qu’il faut que je fasse ? Que je relève ma robe ? Que je baisse ma culotte ? Comme ça ? Plus bas ? Quoi encore ? Que je prenne un petit air coupable ? Oui, ça, tu vas adorer. Sûrement. Eh, ben allez ! Qu’est-ce t’attends ?
Ah, elle le prenait comme ça ! Eh bien elle allait voir… J’ai détaché ma ceinture. Et j’ai cinglé. Les fesses. Les cuisses.
– Je vais t’en faire passer l’envie, moi, tu vas voir ! Je peux te dire que tu vas me foutre la paix après. T’auras plus envie de venir en retâter.
J’ai tapé. De plus en plus fort. De plus en plus vite. Ça s’inscrivait, sur sa peau, en longues traînées cramoisies. Elle a dansé. D’un pied sur l’autre. Tourné sur elle-même. Crié.
– Là ! Et tiens-le toi pour dit…
Elle s’est vigoureusement frotté les fesses.
– Tu sais quoi, Julien ? Eh bien, je t’aime encore plus maintenant !

jeudi 1 février 2018

Mémoires d'une fesseuse (22)

 Philibert voulait me voir.
– Ben alors ! Tu fais la gueule ou quoi ?
– Hein ? Ah, mais non. Non. Pas du tout. Bien sûr que non. Mais je suis tellement prise avec les deux autres, là…
– Que tu nous en oublies complètement.
– Je suis désolée…
– Ah, tu peux ! Parce que voilà trois garçons à qui tu présentes une jeune femme au demeurant charmante. Tu les allèches en leur jurant tes grands dieux que tu vas lui flanquer devant eux une retentissante fessée. Que ça ne saurait tarder. Que c’est imminent. Mais les jours passent, les jours passent et… il ne se passe rien.
– Oui, mais je t’ai dit… C’est histoire de mettre Marie-Clémence sous pression. Qu’elle ait le temps de faire plus ample connaissance avec eux. Qu’elle ait beaucoup plus honte, comme ça, le jour où ça aura lieu. Beaucoup plus honte que s’ils étaient restés pour elle de quasi inconnus.
– Et c’est le cas ? Elle les voit ?
– Pas trop, non ! Pas du tout, même. On peut même dire que depuis qu’elle leur a envoyé les photos, tout est au point mort. Elle les appelle plus. Elle en parle plus. Silence radio. C’est un peu de ma faute aussi. Parce que Marie-Clémence, si on n’est pas constamment derrière elle, si on la pousse pas au cul… Mais t’as bien fait d’aborder le sujet, je vais la remettre sur les rails.
– Ce ne sera pas nécessaire. Parce qu’apparemment, elle a pas attendu après toi.
– Comment ça ?
– Avant-hier encore, elle était chez Gauvain. Devant qui elle exhibait complaisamment son petit derrière rougi.
– C’est pas vrai ! Tu es sûr ?
– Je le tiens du principal intéressé lui-même.
– Quelle garce ! Non, mais alors là, quelle garce ! Derrière mon dos. Sans même m’en toucher un traître mot. Ah, elle veut se la jouer perso ! Elle va voir ce qu’elle va voir ! Si elle croit qu’elle peut, comme ça, n’en faire qu’à sa tête…
– Ce n’est d’ailleurs pas la première fois. Si j’ai bien compris, elle se précipite systématiquement chez lui, dès qu’elle y a attrapé.
– Et je suppose que…
– Que quoi ? Qu’ils couchent ensemble ? Absolument pas. Il préfère, et de loin, se masturber sur ses fesses en les contemplant avidement et l’écoutant raconter, bien en détail, comment s’est déroulée la correction que tu lui as administrée. Et ce qui l’a motivée. Ce qu’elle ne rechigne absolument pas à faire.
– Je vois. Bon, mais dès ce soir, le problème sera réglé.
Il a froncé les sourcils.
– Réagir à chaud n’est pas forcément la meilleure des solutions.
– Tu voudrais quand même pas que je laisse passer un truc pareil sans réagir ?
– Non. Bien sûr que non. Mais attends ! Te précipite pas ! Tu es en position de force : tu sais et elle ne sait pas que tu sais. Laisse-la continuer à s’enfoncer. Tu séviras au moment opportun…
–  Tu crois ?
– Mais bien sûr ! D’autant qu’avec Brian et Valentin aussi, je suis convaincu qu’il y a anguille sous roche.
– Ah, ben d’accord ! De mieux en mieux.
– Seulement autant Gauvain n’hésite pas à se livrer, et il le fait même avec une certaine jubilation, autant les deux autres sont beaucoup plus réservés. Je ne désespère pourtant pas de finir par leur tirer les vers du nez. À condition que tu ne flanques pas tout par terre en t’en prenant dès à présent à elle au sujet de Gauvain.
– Vu sous cet angle…