jeudi 21 septembre 2017

Mémoires d'une fesseuse (3)

Le soir, à table, on est restées un long moment silencieuses. Sans oser se regarder en face. Tout aussi embarrassées l’une que l’autre. Je me suis jetée à l’eau.
– Si on crevait l’abcès ? Ce serait mieux, non ?
Elle a poussé un immense soupir de soulagement.
– Oh, oui !
– Bon, ben vas-y alors ! Explique ! C’était qui cette femme ?
– Vanessa.
– Vanessa ? Ton ancienne coloc ? Celle qu’était là avant moi ?
– C’est ça, oui.
– Ah, ben d’accord ! Et c’était pas la première fois, j’imagine…
– Oh, ben non, non !
– Et c’était quoi, les raisons ?
– Quand elle était ici ? Parce que j’avais mis un souk pas possible dans l’appart. Ou parce que je l’avais empêchée de dormir en m’envoyant en l’air toute la nuit avec un mec. D’autres trucs aussi…
– Et toi, tu te laissais faire ! Mais t’avais pas à te laisser faire enfin !
– On voit que tu la connais pas ! On peut pas lui tenir tête à Vanessa. C’est pas possible. Personne.
– Tu parles !
– Si, c’est vrai, hein ! Elle sait tellement ce qu’elle veut que tu finis par être obligée de le vouloir avec elle. Par lui donner raison. Par te dire que finalement, tu l’as bien méritée cette fessée.
– Mouais ! Dis que ça te plaisait bien de la recevoir, oui, plutôt  !
– Ah, non ! Non ! Si tu savais comment j’ai horreur de ça. Ça fait un mal de chien. Et après, ça te brûle pendant des heures.
– On aurait pas dit, cette nuit, pourtant. Vu comment tu t’es comportée quand elle a été partie.
– C’est à cause… C’est pas la recevoir que j’aime. C’est l’idée que je la reçois. C’est avoir honte. De l’avoir méritée. De l’avoir reçue. De m’être laissée faire. De voir comment ça la fait jubiler. Tout.

Quand elle est sortie de la douche, le lendemain matin, elle a bien pris soin de ne pas me tourner le dos. Et elle s’est aussitôt, contrairement à son habitude, enroulée dans sa serviette de bains.
– Elles y sont encore ?
Elle a fait celle qui n’entendait pas.
– Hein ? Elles y sont encore ?
– Quoi donc ?
– Ben, les marques, tiens ! Qu’est-ce tu veux d’autre ?
– Un peu.
– Tu fais voir ?
Je n’ai pas attendu la réponse. J’ai tiré sur la serviette de bains. Qu’elle n’a pas vraiment retenue. Juste un peu. Pour la forme. Qui est tombée à ses pieds. Je l’ai prise par le coude, fait pivoter sur elle-même.
– Ah, oui, dis donc ! Elle t’a pas loupé.
Le rouge s’était violacé. Avec, par endroits, des zones jaunies. Noircies. Bleuies.
J’ai avancé la main, effleuré une fesse, tout du long, d’un doigt léger.
– Ça fait mal ?
– Pas trop.
J’ai un peu appuyé. Plus fort. Encore plus fort.
Elle a tressailli. S’est crispée. A réprimé un gémissement, mais n’a pas cherché à m’échapper.
Je l’ai gratifiée d’une petite tape amicale sur le derrière.
– Habille-toi vite ! Tu vas être en retard.

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