lundi 13 juin 2016

La clef USB (13)

Antoine a tendu la main, paume ouverte.
– Donne !
J’ai donné. Il l’a jetée dans un tiroir.
– Là ! Une pièce de plus pour notre petit trésor de guerre. Ça s’est bien passé au moins ?
– Oui.
– T’as pas l’air convaincue. Fais voir !
J’ai soupiré, mais je me suis exécutée. À quoi bon protester ? De toute façon…
Il a à peine jeté un coup d’œil à mon derrière, s’est penché sur son ordi. J’en ai profité pour entreprendre de me reculotter.
– Qu’est-ce tu fais ? Non, non… Reste comme ça, les fesses à l’air… T’es très bien comme ça… Bon, mais on fait quoi aujourd’hui ? T’as envie de quoi ?
Je savais pas, moi. Je…
– Une petite vidéo de derrière les fagots ? Oui, hein ! On a vu la quatre… La cinq… La sept… La logique voudrait qu’on fasse un petit tour du côté de la six maintenant, non ? Allez, la six ! J’adore ce moment-là quand on sait pas sur quoi on va tomber… Que tout est possible… Ah, ça y est ! Qu’est-ce tu fais, là, à genoux sur le canapé ? Qu’est-ce tu regardes par la fenêtre ? Ah, elle bouge ta main dans le pantalon. Et ça y va, dis donc ! Qu’est-ce qu’il y a de si intéressant dehors ? Un couple en train de baiser ? Non. On entend des engins. Il doit y avoir des travaux. Oui, c’est ça. À tous les coups. C’est ça, hein ? Tu regardes les ouvriers s’activer. T’en as tout un cheptel. Et t’imagines… Quoi, au juste ? Qu’ils te baisent ? Tous ? Les uns après les autres ? Une orgie d’orgasmes ils t’offrent. Et t’en redemandes… À moins que tu aies sélectionné. Oui. Plutôt ça. Tu les as fait défiler nus devant toi… Tu les as longuement examinés. Leurs fesses. Que tu as tâtées. Malaxées. Leurs queues dressées. Que tu as prises en mains. Dont tu as vérifié l’épaisseur. Éprouvé la consistance. Et tu as fait ton choix. Celui-là ! Entretien d’embauche réussi. Il va avoir l’insigne honneur de te faire jouir. Ah, ça vient ! Quand tu commences à haleter comme ça, c’est tout près. Qu’est-ce que je disais ! Holà ! L’orgasme de luxe ! Et qui n’en finit pas ! Génial ! Non ? Tu trouves pas? Ça te fait quoi de t’entendre comme ça ? Tu mouilles, je suis sûr ! Tu mouilles tant que tu peux. Non ?
Je n’avais qu’une peur, c’est qu’il veuille aller vérifier. Il ne l’a pas fait. À mon grand soulagement. Par contre, cinq fois de suite il a voulu se repasser la séquence. Nous la repasser. Six fois. Sept fois.
– On ne s’en lasse pas ! D’ailleurs tu sais ce qu’on va faire ? On va se la rejouer cette scène. Pas ici. Pas maintenant. Mais on va se la rejouer. Je m’occupe dans la semaine de nous trouver un site approprié. Bon, mais c’est pas tout ça ! Les vacances approchent à grands pas. Vous allez faire quoi avec Laurent ?
– On n’a pas encore décidé.
– Et si on partait tous les trois ?
– Hein ? Mais…
– Ce serait génial, non ?
– Écoute, Antoine…
– J’écoute rien du tout… Je connais un camping en Bretagne où on serait comme des coqs en pâte. Tennis, piscine, golf. Il y a tout ce qu’il faut. On s’éclaterait, Laurent et moi. Et toi, de ton côté, tu serais royale. T’aurais les coudées franches. Tu pourrais aller passer tes après-midis sur la plage à faire provision d’images de beaux mecs. Que tu ramènerais sous la tente. Dont tu pourrais faire ton miel tout à loisir. Je m’occuperais de Laurent, moi, pendant ce temps-là. Mais si, allez ! Demain je dois le voir Laurent. Je lui en parle. Toi, t’auras juste à appuyer derrière. C’est ton intérêt n’importe comment. Et sur tous les plans.

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