mercredi 8 juin 2016

Escobarines: Prohibition

– Vous avez vos laissez-passer, Mesdames ?
– Mais certainement, sergent ! Tenez ! Voyez ! Tout est en règle.
– En effet… Et vous vous rendez où ? On peut savoir ?
– Dans l’Ouest. Porter la bonne parole. Ramener dans le droit chemin les brebis égarées.
– Louable initiative. Et dans toutes ces malles, vous transportez quoi ?
– De pieuses brochures. Que nous distribuerons en chemin. Et nos effets personnels.
– Voyons cela…
– Vous allez perdre votre temps, sergent, je vous assure ! Et nous faire perdre, de surcroît, le nôtre.
– Soldats ! Ouvrez ces coffres ! Oh, les belles brochures que voilà !
– Je vais vous expliquer…
– Expliquer ? Expliquer quoi ? Que vous transportez de l’alcool ? Ce qui est totalement prohibé. Vous n’ignorez pas, je suppose, quelles peines les juges prononcent s’agissant de ce genre de délit.
– C’est la première fois.
– Ben, voyons !
– C’est vrai. Je vous jure que c’est vrai. Nous avons exceptionnellement accepté de rendre service à un ami.
– Un ami qui avait très soif alors ! Toutes ces bouteilles ! Vous me prenez vraiment pour un imbécile, hein ! Bon, allez, la plaisanterie a assez duré. Suivez-moi ! Toutes les quatre !

– Il va se passer quoi, maintenant, sergent ?
– Que voulez-vous qu’il se passe ? On va suivre la procédure habituelle. Vous transférer au siège du tribunal. Où il sera statué sur votre cas.
– Je vous en supplie ! Nous avons une famille… Une réputation…
– Il fallait y réfléchir avant. Bon, mais il est tard. On s’occupera de votre cas demain. En attendant, une petite nuit en cellule vous fera le plus grand bien. Soldats, emmenez-les !

– Alors, Mesdames, bien dormi ?
– Je vous assure… C’était la première fois… Vraiment…
– J’ai décidé de faire semblant de vous croire…
– Oh, merci ! Merci !
– Mais vous conviendrez avec moi que votre comportement doit néanmoins être sanctionné. Dans votre intérêt…
– C’est-à-dire ?
– Que nous allons régler le problème ici. Et maintenant. Une bonne fessée déculottée… Et ce, devant la garnison rassemblée au grand complet…Ce ne sera pas cher payé… Et ça vous fera le plus grand bien…
– Alors ça, il n’en est pas question…
– À votre guise ! Si vous préférez le tribunal… Et les quelques années de prison qui vous y seront à coup sûr infligées…
– C’est ignoble ! Vous êtes ignoble…
– Vous décidez quoi ?
– Qui c’est qui nous le ferait ?
– Mais vous vous en chargerez vous-mêmes ! Deux d’entre vous – que je désignerai – la donneront et les deux autres la recevront…
– Dans ces conditions, nous allons nous résoudre, à notre corps défendant, à en passer par là…
– Sage décision ! Le spectacle va beaucoup amuser les soldats… Ils n’ont guère de distraction ici, les pauvres !

– Vous ! Et vous ! Mais que les choses soient claires ! Vous tapez ! Vous faites pas semblant… Vous tapez vraiment ! Sinon c’est le tribunal ! Pour toutes les quatre… Allez, action !

– Ça va pas, Maggie ? Non, mais t’es pas bien ! T’as vu comment t’as tapé ? Comme une forcenée…
– Oh, tu parles !
– Meredith aussi… Elle m’a mis le derrière dans un état !
– J’avais pas le choix : t’as bien entendu ce qu’il a dit ? Tu préférais le tribunal peut-être ?
– Pas le choix ! Tu parles ! Il y a taper et taper…
– Eh, Mesdames ! Où vous filez comme ça ? C’est pas terminé. Rebelote. Dans l’autre sens cette fois ! Les donneuses deviennent les receveuses. Et inversement.
– Ah, ben alors là, ma petite Maggie, je peux te dire que tu vas le sentir passer ! Chacune son tour… Allez, amène-toi !
– Toi aussi, Meredith ! Tu vas me payer ça ! Et cher ! Très cher !
– Allez-y, Mesdames ! Allez-y ! Lâchez-vous ! Nous, on se régale !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire